Jour 7 – Un dimanche venteux

06 février 2022

Retour sur l’immersion de BathyBot le 3 février

On traverse quelques jours contraignants et ce dimanche est un jour très venteux. Les opérations de mise à l’eau sont impossibles avec des vents de force 9 sur l’échelle de Beaufort (75 à 88 km/h). On profite de ce moment pour vous partager les coulisses de l’immersion de BathyBot, le robot sous-marin du MIO – INSUOSU (CNRS).

Sur la photo, on voit BathyBot descendre à l’eau dans son BathyDock. La mise à l’eau se fait depuis le pont arrière tout comme celle des autres instruments. Jusqu’ici rien de trop différent. Seulement, notre cher petit robot fait partie des appareils les plus légers qui ont été envoyés sur le site. Son poids dans le BathyDock est de quelques centaines de kilos contrairement à l’infrastructure de la Boîte de Jonction Scientifique qui est de plusieurs tonnes.  D’accord, mais qu’est ce que ça change ? Il faut savoir que tous les objets destinés au fond sont envoyés avec un point cible d’atterrissage. On considère que la mise à l’eau a été un succès lorsque l’appareil arrive à moins de 10m de son point de cible. Souvenez-vous, la Boîte de Jonction Scientifique avait atterri à 3m de sa cible, ce qui représente un score très satisfaisant! Et bien, lorsqu’ il s’agit de la mise à l’eau d’un appareil plus léger, cette précision d’envoi se complexifie.

Un autre élément vient compliquer la tâche des équipes. Comme vous pouvez le voir, le câble de mise à l’eau est en textile, ce qui le rend beaucoup plus sensible au courant et au mouvement du bâteau qu’un câble rigide en acier – et d’autant plus lorsqu’il porte un objet léger. Cependant, un câble en acier, bien que plus vértical, serait bien plus dangereux en cas de rupture puisqu’il pourrait endommager un instrument du fond en l’écrasant. Le choix d’un câble souple résulte donc d’un compromis.

Les matelots mettent tout en œuvre pour réussir ces opérations longues et délicates…

Un travail de longue haleine

Mais alors comment arrivent-ils à se positionner avec précision ? L’équipe présente sur le pont arrière communique avec le point de contrôle, situé à la passerelle – ou timonerie. Sur la photo, on voit Eva, officier polyvalent en charge du positionnement du bateau, et l’équipe scientifique de BathyBot soucieuse du suivi de l’opération. Ils ont les yeux rivés sur les écrans de contrôle qui indiquent la position du BathyDock sous l’eau et la trajectoire du navire. Un détail important du tableau est que Le Pourquoi pas ? ne peut pas mouiller dans cette zone (mouiller c’est se maintenir à l’ancre) car la profondeur sous le bateau est de 2500m. Il a donc deux choix : soit se laisser dériver et rattraper sa position, soit être constamment en navigation. Et lors des opérations de mise à l’eau, c’est il opte pour la deuxième option : le moteur du navire reste en marche pour pouvoir ajuster et conserver le point d’envoi de l’objet.

Les tentatives de direction sont nombreuses

Ce soir là, le câble en textile, d’une longueur impressionnante de 2400m, était soumis au courant ouest-ligure. C’est un courant constant connu du lieu, mais qui est assez fort, ce qui ralentit l’opération. Le travail a commencé à 17h30 et s’est terminé à 20h30, il a fallu 3 heures pour larguer le BathyDock!

Sur son écran Eva s’aide des données de la BUC, c’est un système de localisation placé sur le câble à 15m au-dessus du BathyDock. La BUC émet un signal qui lui permet d’avoir une idée de l’emplacement de l’objet sous l’eau. Pour envoyer l’objet sur le point cible elle essaye de faire correspondre le signal BUC avec les coordonnées du point cible. Seulement, la BUC n’émet pas un signal en continu : la localisation n’est signalée que toutes les 10 secondes. Pas évident de manoeuvrer pour envoyer un objet dans le courant sur un point situé à 2400m de profondeur !

Crédit photo : Nicolas Fromont – @nicolasfromontphoto
Le signal à l’écran

Voici ce que voit l’équipe à la passerelle pour communiquer avec l’équipe du pont arrière. Le tracé noir qui ressemble à une boucle emmelée est le suivi du navire; le petit cercle un peu à gauche est le point cible à viser durant la mise à l’eau; et les points verts sont l’historique des signaux émis par la BUC, là où se situe l’objet. L’écran affiche 19h12, il leur reste encore 1h15 de manip et il y a déjà autant de points verts différents, ça donne une idée du parcours de l’objet sous l’eau… Viser un point avec un objet suspendu à un câble mou de 2,4 kilomètres est un véritable défi !

Malgré ces conditions difficiles, BathyDock a réussi à atterrir à 10m de son point de cible, félicitations aux équipes mobilisées ! Grâce à elles BathyBot est en place!

Crédit photo : Nicolas Fromont – @nicolasfromontphoto
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