12 février 2022
Dernier Filet
Très tôt ce matin a été deployé le dernier filet à plancton de Marthe. Durant la campagne, elle a récolté des échantillons grâce à 6 filets. Tous les organismes planctoniques bioluminescents seront étudiés au laboratoire du MIO pour comprendre l’origine de leur bioluminescence. Certains d’entre eux vivent en symbiose avec des bactéries à l’origine de cette lumière.
Pour les observer à bord, Marthe les place en conditions naturelles dans une chambre froide à 13 degrès dans le noir complet.
Aujourd’hui, elle est tombée sur des organismes qui font l’émerveillement de toute l’équipe !
Crédit photo : Nicolas Fromont – @nicolasfromontphoto
Bébé calamar
C’est un calamar juvénile mesurant à peine quelques millimètres !
Les calamars font partie de la famille des céphalopodes comme le poulpe et la seiche. Il est rare de les observer car ce sont des animaux qui vivent principalement en dessous de 50 mètres de profondeur. On s’estime très chanceux de pouvoir admirer ce petit être ! Il est conservé dans de l’eau de mer renouvelée en oxygène et il retrouvera sa libérté après quelques observations.
Les points de couleurs sur son corps sont des cellules pigmentaires appelées chromatophores, elles sont à l’origine de la couleur de l’épiderme. De très nombreuses espèces en possèdent, mais chez les céphalopodes la couleur de ces cellules peut varier. Ces cellules changent de taille et dilatent le contenu de leur sac pigmentaire pour passer d’une nuance à l’autre, elles peuvent ainsi varier de l’orange au brun en passant par le rouge. Les chromatophores sont contrôlés par l’activité neuronale et peuvent de ce fait se dilater ou se rétracter en quelques millisecondes !
Crédit photo : Marthe Vienne
Un calamar inspirant
Les céphalopodes possèdent également des chromatophores dits iridescents, parmi eux les iridophores, que l’on retrouve aussi chez les poissons ou les reptiles.
Ces cellules spécialisées ne fonctionnent pas avec un sac pigmentaire mais avec des cristaux réfléchissants. Ces cristaux sont des lames microscopiques fabriquées à partir de guanine cristallisée. La guanine est une base nucléique de l’ADN, elle correspond au G du code génétique à 4 lettres (ATCG). Sa forme cristallisée permet de réfléchir la lumière et de jouer avec les différentes couleurs qui la composent. Pas mal non?
L’industrie s’inspire de cette propriété pour créer l’effet nacré de certaines peintures ou du maquillage. Ce sont des produits bio mimétiquement inspirés, comme le récif artificiel BathyReef qui tire sa forme des tissus internes d’ascidie ! Les meilleures conceptions sont dans la nature!
Crédit photo : Marthe Vienne
Dernière plongée du Nautile
Aujourd’hui a lieu la dernière descente en Nautile sur le site EMSO-LO, avec à bord Jürgen du CPPM. La mission de Jürgen est d’accompagner les pilotes du Nautile dans le débranchement du téléscope du projet ANTARES (Astronomy with a Neutrino Telescope and Abyss environmental RESearch). Ce projet est remplacé par le téléscope KM3NeT à neutrino, cité en début de mission.
Les neutrinos sont des particules élementaires, sans charge électrique et à la masse infime, qui circulent dans l’Univers. Ils voyagent partout dans l’espace et peuvent traverser la Terre en passant par son noyau. Les astrophysiciens étudient le voyage de ces particules!
Les neutrinos sont produits lors de réactions naturelles et communes, comme la fusion de deux noyaux d’atomes, la fission de noyau ou la radioactivité (type beta). Par exemple, les réactions au sein des étoiles, dont notre Soleil, sont de puissantes génératrices de neutrinos.
L’étude de ces particules permet d’obtenir des informations sur une origine céleste lointaine. Leur trajectoire peut amener les chercheurs à un évenement majeur comme une supernova dans l’Univers !
Mais que fait un téléscope à neutrino sous l’océan ?
Ces appareils sont placés dans les profondeurs de la Terre pour chercher un maximum d’obscurité pour fonctionner. L’eau offre aussi d’autres avantages aux astrophysiciens, comme sa forte densité et sa transparence qui en font un bon terrain d’observation.
Crédit photo : Nicolas Fromont – @nicolasfromontphoto