Au cours des dernières décennies, la modélisation et les études théoriques ont identifié les fines échelles océaniques (les petits tourbillons, les filaments de courant de quelque dizaines de kilomètres) comme un régime dynamique ayant des conséquences importantes pour les écosystèmes planctoniques. Les modélisateurs et les théoriciens soulignent également le besoin de mesures in situ pour confirmer leurs prévisions. Néanmoins, cela représente un grand défi à cause de la nature éphémère des structures de fine échelle. De plus, pour étudier le couplage physique-biologie à l’échelle microscopique, il est essentiel de réaliser des mesures biologiques à haute fréquence, ce qui demande des nouvelles méthodologies.
La campagne FUMSECK (Facilities for Updating the Mediterranean Submesoscale -Ecosystem Coupling Knowledge, Chef de mission S. Barrillon, MIO) est une campagne technologique d’une semaine, du 30/04/2019 au 07/05/2019, en Méditerranée dans le golfe de Gênes, à bord du N/O Téthys II. Elle a pour mission d’effectuer des tests technologiques, à différents niveaux, des instruments exploités pour l’étude des processus et de la dynamique à fine échelle (de 0.1 à 100 km pour une durée de vie de quelques jours à quelques semaines).
La première catégorie de tests concerne l’étude du comportement des sondes tractées par le MVP (Moving Vessel Profiler) : SSFFF (Single Sensor Free Fall Fish, dit « petit poisson ») et MSFFFII (Multi Sensor Free Fall Fish, dit « gros poisson »). En particulier, nous souhaitons étudier le comportement rotatif du gros poisson durant la descente et la remontée des instruments, les différentes connectiques entre l’instrument et le câble tracteur, entre la plateforme et le sondeur de profondeur sur le bateau, et entre la plateforme et le PC utilisé pour traiter les données, et ainsi procéder à des tests d’acquisition de données sur toute la chaîne.
En deuxième lieu, nous souhaitons expérimenter le largage d’un échantillon de micro-particules biodégradables colorées afin d’en étudier la dispersion et la détectabilité par cytométrie. Cette étude comprendra un test du système de pompage de l’eau destinée à la cytométrie.
Enfin, la dernière catégorie concerne l’exploration de diverses méthodes de mesure de la composante verticale des vitesses de courant, à l’aide de différents ADCP (coque, L-ADCP en surface ou en profil, FF-ADCP (Free Fall ADCP) en chute libre), d’un prototype de profileur de vitesses verticales VVP (Vertical Velocities Profiler), et d’un glider.
Ce travail s’insère dans le cadre du projet BioSWOT soutenu par le CNES (PI F.d’Ovidio, LOCEAN-IPSL, co-PIs A.M.Doglioli and G.Grégori, MIO).
Ce projet vise à ouvrir la voie à l’exploitation scientifique des observations du futur satellite SWOT (Surface Water and Ocean Topography, https://swot.cnes.fr/) au-delà de l’océanographie physique, en se concentrant notamment sur les questions biophysiques actuelles. En plus de garantir une exploitation optimale des données SWOT dès le début de sa mission en 2022 par une vaste communauté interdisciplinaire, cette activité préparatoire est essentielle pour développer des expériences interdisciplinaires in situ au cours de la mission SWOT.