Contacts : Monique Messié, Anne Petrenko
Dans les eaux relativement pauvres du Pacifique tropical, les îles agissent comme sources de nutriments fertilisant les eaux environnantes. Ces nutriments sont consommés par les algues microscopiques qui se développent par photosynthèse, le phytoplancton. La présence des îles génère donc parfois des enrichissements de phytoplancton très élevés (blooms) visibles depuis l’espace. Le phytoplancton étant la base de la chaîne alimentaire dans les océans, les îles créent ainsi des « oasis océaniques » caractérisées par une forte production biologique, des écosystèmes riches avec une biomasse élevée (du plancton aux poissons), et une plus grande biodiversité que les eaux environnantes.
Dans le cadre du projet SAPPHIRE financé par Horizon 2020, nous avons étudié l’effet fertilisateur des îles de façon systématique pour toutes les îles du Pacifique tropical. Pour cela, nous avons développé un algorithme qui détecte automatiquement la zone fertilisée par les îles à partir de cartes satellite de chlorophylle, un proxy pour la biomasse du phytoplancton. Nous nous sommes aussi appuyés sur les données de la campagne océanographique OUTPACE, qui a échantillonné le Pacifique tropical sud-ouest à côté de plusieurs îles en 2015.
Nos travaux mettent en évidence une forte influence des îles sur le phytoplancton dans le Pacifique, avec des enrichissements en chlorophylle de l’ordre de 10% et un impact significatif sur les espèces de plancton et leur biodiversité. En moyenne, les zones enrichies par effet d’île représentent environ 2% de la surface du Pacifique tropical. Nous avons aussi identifié un nouveau type d’effet d’île, où l’enrichissement phytoplanctonique est « retardé » et déplacé loin des îles par les courants océaniques, ce qui conduit à un bloom sans lien apparent avec les îles qui l’ont fertilisé.
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Carte satellite de chlorophylle le 20 janvier 2015 – Exemple d’enrichissements phytoplanctoniques causés par les îles. |